Depuis le début des années 2000, des chercheurs explorent un lien crucial entre l’esprit et le corps humain, à savoir le lien entre le microbiome du système digestif et le cerveau, parfois appelé « la connexion cerveau-intestin ». Ces travaux ont mené à des révélations sur des sujets aussi divers que la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer et les maladies mentales, au point de changer la manière dont on envisage le rôle névralgique du microbiome sur la santé humaine.

En 2015, la Fondation Brain Canada est devenue un important contributeur au projet Microbiome humain de l’ICRA. Cet effort progressif et pluridisciplinaire réunit plus de 30 chercheurs de partout en Amérique du Nord qui tentent de percer le mystère du microbiome humain ainsi que son rôle par rapport à notre santé, évolution et développement. Ce projet est codirigé par B. Brett Finlay, microbiologiste de l’Université de Colombie Britannique, et Melissa Melby, anthropologue à l’Université du Delaware. Cette dernière a pris la relève de Janet Rossant du Hospital for Sick Children de Toronto.

Les découvertes mises au jour par les chercheurs du microbiome se répercutent déjà sur la santé publique.

Au début de l’année 2021, ils ont collaboré à la rédaction d’un article scientifique intitulé « The hygiene hypothesis, the COVID pandemic, and consequences for the human microbiome », publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS). Celui-ci a été largement médiatisé au Canada et aux États-Unis.

« L’article du PNAS traite des répercussions inattendues du nettoyage et de la désinfection frénétiques engendrés par la COVID, mais aussi des changements comportementaux suscités par la pandémie, notamment au chapitre de la sécurité alimentaire, de l’isolement social et plus encore », explique Melissa Melby. « Cet article démontre les progrès qui peuvent ressortir d’une collaboration fructueuse entre des microbiologistes et des sociologues. »

Dernièrement, l’équipe a choisi les thèmes de recherche auxquels s’attaquera le projet Microbiome humain pour les cinq prochaines années. Ceux-ci porteront sur les « pôles de la vie », c’est-à-dire de la naissance jusqu’aux soins et maladies de fin de vie, sur le microbiome et la collectivité, ainsi que l’impact de l’environnement sur le microbiome.

Melissa Melby espère que les travaux du projet Microbiome humain continueront à jeter des bases scientifiques solides pour de nombreuses questions de santé publique, de l’allaitement aux soins des personnes âgées, en passant par les problèmes systémiques et environnementaux, soit des aspects qui peuvent tous jouer sur le microbiome et, par conséquent, sur la santé humaine.

« Tout joue sur le microbiome, qu’il s’agisse de résistance aux antibiotiques ou de changements climatiques. Nous essayons de ramener toutes ces choses en contexte. »

« Le projet Microbiome humain réunit des gens avec de grandes ambitions scientifiques, mais qui souhaitent aussi interagir avec des personnes en dehors de leur discipline », explique-t-elle. « Je pense que le public souhaite que nous soyons plus nombreux, en tant qu’universitaires et scientifiques, à accomplir ce genre de travail innovant, intégratif et pluridisciplinaire. En fait, le monde entier l’exige. »