En 2012, Jeffrey Mogil a publié dans la revue Nature Reviews Neuroscience un article sur les neurosciences qui a éveillé l’intérêt du milieu scientifique. Il relevait que la douleur chronique frappe surtout les femmes, mais qu’il est difficile de déterminer si cette particularité correspond à des différences de sensibilité à la douleur selon le sexe. Deux ans plus tard, la façon dont hommes et femmes éprouvent la douleur le taraudait encore.

C’est ainsi qu’en 2014, l’équipe de Jeffrey Mogil a reçu une subvention d’équipe de la Fondation Brain Canada afin d’explorer en quoi les particularités cérébrales des deux sexes jouent sur la douleur chronique de chacun. Dans le cadre de ce projet, les chercheurs examinent l’activité cérébrale de souris à l’aide de techniques d’imagerie.

Dr.Jeffrey Mogil, qui travaille sur la recherche en matière de sensibilité à la douleur en fonction du sexe.
Jeffrey Mogil, Ph. D.

Fidèle à sa quête, Jeffrey Mogil a signé un nouvel article en 2015 dans Nature Neuroscience décrivant l’issue de travaux consistant à interférer avec la fonction des microglies. Accomplies sous sa houlette et celle du Dr Michael Salter dans des laboratoires à Montréal et Toronto, ces expériences ont révélé de nettes différences entre les sexes. C’est-à-dire, le fait de bloquer l’action des microglies atténuait la douleur des souris mâles, mais pas celle des femelles. Chez ces dernières, semble-t-il que ce rôle revient à un tout autre type de cellule immunitaire, probablement les lymphocytes T.

« Les recherches sur la douleur n’ont jamais fait grand cas des différences de sexes, car on utilisait surtout des rats mâles pour les expériences », explique Jeffrey Mogil. « Les travaux, financés par la Fondation Brain Canada, qui démontrent la spécificité sexuelle de la médiation cellulaire immunitaire par rapport à l’hypersensibilité à la douleur dans la moelle épinière sont l’un des exemples les plus frappants à ce jour des fondements biologiques qualitativement différents d’un phénomène présent chez les deux sexes. »

À l’Université de Toronto, Nicole Gervais cherche aussi à percer le mystère. Financés par la Fondation Brain Canada et la bourse de recherche de l’Alzheimer’s Association, les travaux de son équipe au laboratoire Einsten s’intéressent à la perte d’oestrogènes causée par la ménopause naturelle ou chirurgicale et à son effet sur le sommeil, la cognition ainsi que la fonction et l’inflammation cérébrale. Leur issue pourrait éclaircir l’interaction des hormones et du bagage génétique menant à l’apparition de la maladie d’Alzheimer, potentiellement par leur effet sur le sommeil et l’inflammation dans le cerveau. Les rouages des mécanismes biologiques pourraient révéler un moyen d’atténuer le risque ou de développer des traitements ciblés pour freiner ou prévenir la maladie d’Alzheimer.

En épaulant des projets comme ceux de Jeffrey Mogil et Nicole Gervais, la Fondation Brain Canada cherche à faire rayonner les considérations de sexe et de genre dans le cadre de travaux de recherche. Voilà pourquoi les chercheurs qui souhaitent obtenir une subvention doivent décrire en quoi leurs travaux ont égard aux différences de sexe et de genre. En outre, nous visons la parité hommefemme. Par exemple, lors des trois grands derniers concours lancés en 2018, 57% des lauréats qui ont remporté une subvention étaient des femmes, alors qu’elles  comptaient pour 49 % des candidats.

De plus, le partenariat conclu en 2016 par la Fondation Brain Canada et Women’s Brain Health Initiative (WBHI) a marqué un point tournant. Il permet de faire connaître les derniers développements de la recherche sur le cerveau, tout en sensibilisant les gens à l’importance d’avoir égard aux différences de sexe et de genre en recherche. Dans cette perspective, la Fondation Brain Canada commandite la revue Mind Over Matter publiée par WBHI et consacrée à la prévention du déclin cognitif lié à l’âge ainsi qu’au sexe et au genre. Ensemble, la Fondation Brain Canada et WBHI ont aussi organisé 12 événements Millennial Minds à Toronto destinés à sensibiliser les jeunes canadiens à la santé cérébrale et aux recherches sensibles au genre sur le vieillissement cérébral.

La Fondation Brain Canada se fera toujours un devoir d’appuyer la recherche sur la santé cérébrale des femmes.