«Dans un domaine de recherche où la plupart des traitements ont échoué et où les différences entre les sexes sont rarement prises en compte, cette étude apporte un nouvel éclairage susceptible de mener à des stratégies spécifiques au sexe pour ralentir ou prévenir la maladie d’Alzheimer,» déclare Dre. Derya Sargin.

Grâce au soutien de la Fondation Brain Canada et de la Women’s Brain Health Initiative une équipe de recherche dirigée par le Dr Jonathan Epp et la Dre Derya Sargin a identifié une cible potentiellement prometteuse pour le développement de nouveaux traitements contre la maladie d’Alzheimer. Leurs résultats ont récemment été publiés dans la revue Science Advances.

Ce qu’ils ont découvert 

Le cortex rétrosplénial, une région du cerveau essentielle à de nombreuses fonctions cognitives, montre des signes précoces de dysfonctionnement dans la maladie d’Alzheimer. Pourtant, les mécanismes responsables de cette altération restaient jusqu’alors mal compris.

En analysant des tissus cérébraux de souris et d’humains, les Drs Epp et Sargin ainsi que leur équipe ont découvert que les interneurones à parvalbumine, des cellules spécifiques du cortex rétrosplénial, sont altérés dans la maladie d’Alzheimer. Ils ont aussi constaté que ces altérations surviennent plus tôt et de façon plus prononcée chez les femelles que chez les mâles. En stimulant ces cellules chez des souris atteintes d’un modèle de la maladie d’Alzheimer, l’équipe a observé une amélioration des fonctions cognitives, laissant entrevoir une piste thérapeutique prometteuse à explorer. 

 Ce qui rend cette étude particulièrement significative, c’est qu’elle met en lumière non seulement une différence entre les sexes, mais aussi un dérèglement précoce et localisé dans une région et un type cellulaire précis, ce qui pourrait expliquer pourquoi les femmes sont plus à risque de développer la maladie d’Alzheimer. Cela représente à la fois une cible d’intervention thérapeutique prometteuse et un marqueur potentiel pour repérer les personnes à risque.

– Dr. Jonathan Epp

« Près de 70 % des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont des femmes. Pourtant, la plupart des recherches négligent les facteurs biologiques qui exposent les femmes à un risque plus élevé », déclare Lynn Posluns, fondatrice et présidente de WBHI, « En finançant la recherche fondée sur le sexe et le genre, nous ne nous contentons pas de combler une lacune critique dans les connaissances : nous proposons des moyens plus intelligents et plus efficaces de lutter contre les maladies du vieillissement cérébral qui touchent les femmes de manière disproportionnée.»  

Illustration concrète 

Dans une étude distincte également rendue possible grâce au soutien de la Fondation Brain Canada, le Dr Epp et son équipe ont observé que le cortex rétrosplénial présente des signes de dysfonctionnement plusieurs années avant qu’un diagnostic de la maladie d’Alzheimer ne soit posé, et ce, même en l’absence d’autres marqueurs typiques de la maladie. Cette anomalie, désormais détectable grâce à un nouveau biomarqueur — les interneurones à parvalbumine du cortex rétrosplénial —, pourrait constituer un signal d’alerte précoce. Elle permettrait ainsi aux médecins d’identifier plus rapidement les personnes à risque, ouvrant ainsi la voie à un suivi plus étroit et à d’éventuelles interventions précoces. Cette découverte est particulièrement prometteuse pour les personnes atteintes d’un trouble cognitif léger, qui vivent dans l’incertitude quant à l’évolution de leur état. Cette incertitude engendre un stress considérable, tant pour les patients que pour leurs proches, souvent démunis face au manque de repères clairs et de réponses concrètes. 

« Il est impératif de soutenir la recherche examinant les différences qui marquent la santé des hommes, des femmes et des personnes de genre divers. À maintes reprises, des études ont révélé qu’il existe effectivement des différences entre les hommes et les femmes dans de nombreuses sphères de soins de santé », déclare Viviane Poupon, présidente et chef de la direction de la Fondation Brain Canada. « Nous sommes fiers de nous associer à Women’s Brain Health Initiative afin de soutenir la recherche qui remédie à cette lacune. »  

Le Dr Jonathan Epp et la Dre Derya Sargin, du Hotchkiss Brain Institute de l’Université de Calgary, ainsi que les membres de leur équipe, la Dre Liisa Galea, le Dr Dylan Terstege et la chercheuse Kabirat Adigun, ont reçu un financement dans le cadre du programme Subventions complémentaires parrainées par la Fondation Brain Canada et WBHI : Tenir compte du sexe et du genre pour leur projet intitulé Connectivité fonctionnelle et déclin cognitif dans un modèle murin de la maladie d’Alzheimer. Ce dernier s’inscrit dans la continuité d’une subvention Développement des compétences à l’intention des chercheurs en début de carrière, octroyée en 2018 au Dr Epp par la Fondation Azrieli et la Fondation Brain Canada. La Dre Sargin est également lauréate du programme Futurs leaders canadiens de la recherche sur le cerveau 2020 de la Fondation Brain Canada.