L’essai de la Fondation Brain Canada et Bell Cause pour la cause entame le recrutement de patients

Des chercheurs du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de Toronto s’apprêtent à mettre à l’essai une nouvelle méthode de stimulation magnétique transcrânienne. Celle-ci améliore l’organisation cérébrale de manière à atténuer les symptômes de dépression, ce qui réduirait par ricochet le potentiel de démence à long terme.

Dirigée par le Dr Tarek Rajji, l’équipe de recherche de la Fondation Brain Canada – Bell Cause perfectionne un protocole de stimulation par pulsions thêta (SPT), une intervention dont le rythme des impulsions diffère de ceux de la stimulation cérébrale magnétique non invasive traditionnelle.

Épaulés par des chercheurs fondamentaux de l’Hôpital Mount Sinai et de l’Université de Toronto, les chercheurs visent à élaborer un protocole qui réussit mieux que l’approche traditionnelle à stimuler la plasticité cérébrale.

Nous espérons aboutir à un traitement plus puissant et plus efficace pour contrer la dépression ».

le Dr Rajji qui est également directeur du Département de psychiatrie du Centre médical Southwestern de l’Université du Texas

Selon le Dr Rajji, le protocole par pulsions thêta offrirait des avantages supplémentaires par rapport à la stimulation magnétique transcrânienne répétée (SMTr) utilisée depuis plus de 20 ans au Canada pour traiter les symptômes dépressifs (tristesse, insomnie, manque d’appétit, etc.). En effet, s’il parvient à réorganiser la structure et la fonction cérébrale, il pourrait aussi faire obstacle à la démence, une maladie deux fois plus répandue chez les personnes souffrant de dépression.

« En optimisant la stimulation par pulsions thêta et son effet sur la plasticité, on a bon espoir de réduire de risque de démence, surtout chez les aînés atteints de dépression », explique le Dr Rajji.

Les travaux de recherche fondamentale ont été entamés il y a 18 mois, lorsque ce projet a décroché une subvention de la Fondation Brain Canada et de Bell Cause pour la cause en vue « d’évaluer à l’aide de modèles murins de dépression la possibilité d’optimiser la stimulation par pulsions thêta de manière à renforcer la plasticité de la région frontale du cerveau », explique le Dr Rajji.

Grâce à ces expériences scientifiques fondamentales accomplies par les neuroscientifiques Graham Collingridge et Evelyn Lambe du Département de Physiologie de l’Université de Toronto, « notre équipe s’apprête à débuter les essais chez l’humain et à recruter 80 participants », affirme-t-il.

Dans le cadre de cette étude clinique qui se déroulera au CAMH, un traitement de stimulation optimisé unique de 10 minutes sera administré afin d’en observer l’effet sur le cerveau. La stimulation est administrée à l’aide d’une bobine posée sur la tête qui émet de brèves impulsions magnétiques. Cette intervention indolore n’exige pas d’intervention chirurgicale.

Si le protocole de stimulation par pulsions thêta optimisé s’avère plus efficace que sa version standard pour améliorer la plasticité, les chercheurs pourront alors démarrer un essai clinique à grande échelle afin d’en comparer l’efficacité. Cette nouvelle étude comportera davantage de séances d’administration et mesurera les symptômes de dépression ainsi que la plasticité cérébrale.

Dirigé par le Dr Sanjeev Sockalingam du CAMH, un autre volet important de l’étude comporte l’application de connaissances en faisant appel à des personnes ayant une expérience vécue, des apprentis, des stagiaires et des cliniciens qui guideront le protocole de l’étude ainsi que le traitement clinique.

La stimulation cérébrale représente sans contredit l’avenir des soins de la dépression et de l’anxiété, particulièrement pour ceux qui rejettent les antidépresseurs. « Les antidépresseurs s’accompagnent d’effets secondaires, comme la sécheresse buccale, mais aussi de problèmes hépatiques, rénaux et sexuels. Or, la stimulation magnétique, dont la SPT, est aussi efficace que les antidépresseurs en plus de limiter son action aux circuits cérébraux, ce qui représente un avantage de taille », affirme le Dr Rajji.

Pour l’instant, les régimes d’assurance maladie provinciaux ne couvrent pas la stimulation cérébrale comme traitement de la dépression, mais nos travaux pourraient changer la donne. « La stimulation cérébrale a de fortes chances d’être approuvée et prise en charge si elle démontre une efficacité supérieure », conclut-il.