Ces images provenant du laboratoire de Pedro Rosa-Neto à l’Hôpital Douglas, Université McGill, illustrent la fusion entre l’anatomie cérébrale et les dépôts amyloïdes dans un cerveau humain vivant (haut) et un rat (bas).

Il n’existe toujours pas de molécule capable de modifier la maladie d’Alzheimer, créant ainsi un énorme vide médical en neuroscience. D’ailleurs, on prévoit que le coût des soins bondira à 150 milliards de dollars si on ne trouve pas de solution d’ici 2038. Or, il est très difficile de faire parvenir des médicaments au cerveau, car la barrière hémato- encéphalique (BHE), conçue pour protéger le cerveau contre les toxines et autres menaces, restreint également l’accès des agents thérapeutiques dont les effets seraient autrement plus bénéfiques. Voilà pourquoi l’équipe de Nathan Yoganathan s’active à régler ce problème. Ils tentent de tromper la BHE en arrimant une molécule qui peut la traverser à un agent modificateur de la maladie d’Alzheimer capable de se lier aux protéines amyloïdes toxiques. Inspirée du cheval de Troie, cette méthode serait une première chez l’humain si l’équipe réussit ce tour de force. Ce projet est une collaboration du milieu universitaire, de sociétés à but non lucratif ainsi que de petites et de moyennes entreprises. Une équipe pluridisciplinaire et multi-institutionnelle oeuvrant partout au pays évalue l’efficacité d’une molécule modificatrice de la maladie d’Alzheimer créée par KalGene ainsi que le transporteur, tous deux mis au point par le Conseil national de recherches et exploités par KalGene. L’Institut et hôpital neurologique de Montréal et CIMTEC sont également de la partie, car leur expertise en imagerie et diagnostic est mise à contribution pour vérifier si la molécule de fusion parvient à traverser la BHE humaine et à se lier aux amyloïdes toxiques. Ensemble, ils visent deux objectifs : démontrer que cette méthode éprouvée dans des modèles précliniques peut aussi amener le peptide jusque dans le cerveau humain, et établir son innocuité dans le cadre d’essais cliniques de phase 1. D’ailleurs, les études précliniques ont atteint ces deux objectifs et ont aussi démontré que le peptide élimine efficacement les bêta-amyloïdes. Les chercheurs ont déjà accompli des progrès considérables. En étroite collaboration avec KalGene, le laboratoire de neuroimagerie translationnelle du Centre de recherche et d’études sur le vieillissement de l’Université McGill a réussi à démontrer in vivo la perméabilité de la barrière hémato- encéphalique, l’effet ciblé ainsi que l’efficacité du peptide en utilisant des méthodes d’imagerie faisant appel à des modèles de souris transgéniques. Ces résultats fascinants seront présentés lors du congrès international de la Société Alzheimer qui aura lieu à Londres en juillet 2017. Au début de l’année 2018, KalGene entamera un premier essai clinique chez l’humain qui sera dirigé par Pedro Rosa-Neto, Serge Gauthier et Angela Genge de l’Université McGill. En outre, ce projet se veut une occasion de former de nombreux professionnels chevronnés en matière de développement de médicaments à l’étape avancée et d’essais cliniques. Si la molécule fait ses preuves comme médicament modificateur de la maladie d’Alzheimer, d’autres traitements ciblant différents troubles neurologiques pourraient voir le jour plus rapidement.

« Cette subvention nous a permis de réunir à la même table le milieu universitaire, clinique et d’affaires canadien, tout en exploitant l’ensemble des actifs, de la propriété intellectuelle et de l’expertise au pays, y compris les cliniciens, pour mieux faire avancer le projet. »

— Nathan Yoganathan, Ph. D. PDG, KalGene Pharmaceuticals