L’enfance est une période déterminante qui laisse une impression indélébile sur un être. Chez les autochtones du Canada, la colonisation et le sous-financement des services se traduisent par une piètre santé et une faible scolarisation. Ainsi, le stress et les traumatismes prénatals, à la naissance et pendant la tendre enfance, perturbent le développement du cerveau et du comportement. Ensemble, la Fondation Brain Canada, l’Initiative de la famille Martin (IFM) et une fondation familiale qui requiert l’anonymat financent le Projet d’intervention pendant l’enfance. Dirigée par l’ancien premier ministre Paul Martin, l’IFM se consacre à l’amélioration des résultats scolaires aux niveaux primaire et secondaire des élèves des Premières Nations, Métis et Inuits au Canada, en travaillant en étroite collaboration avec les Peuples Autochtones du Canada. Brian Kolb de l’Université de Lethbridge dirige ce projet destiné à améliorer le sort des femmes autochtones enceintes et leurs enfants vivant dans une réserve des Premières Nations. Son but consiste à implanter une initiative communautaire visant à centraliser le savoir et les valeurs culturelles autochtones dans une perspective de bien-être des enfants.

Ce travail avec les groupes autochtones se veut le coup d’envoi d’une transformation systémique. Les périodes englobant la gestation et la tendre enfance sont déterminantes, car c’est à ce moment que les structures et fonctions du cerveau s’établissent. Il en va de même pour les programmes de qualité et adaptés à la culture des enfants autochtones dans les années précédant la maternelle. C’est dans cette perspective que le programme fait converger les connaissances ancestrales, l’innovation collective, les pratiques efficaces et les plus récentes données scientifiques sur le développement de la petite enfance. La culture autochtone est au coeur du contenu, de la mise en oeuvre et de l’évaluation du programme, de sorte que l’IFM y travaille étroitement avec le Centre de santé de Maskwacis et la bande Ermineskin Crie de l’Alberta.

« Du stade prénatal à la prématernelle, le Projet d’intervention pendant l’enfance outille les familles de manière à favoriser la résilience, l’attachement, le développement langagier précoce ainsi que le bien-être global de leurs enfants », affirme le très honorable Paul Martin, fondateur de l’IFM.

Le programme comporte deux volets. Le premier volet est un programme de visites à domicile visant à offrir des services de santé, d’apprentissage précoce et sociaux aux enfants et à leur famille dans le confort de leur foyer. Les activités débutent avant la naissance de l’enfant et prennent fin lorsqu’il atteint l’âge de deux ans. Les participants suivent alors une formation initiale de 60 heures. Celle-ci comporte de la matière théorique et pratique sur le développement humain précoce, la santé prénatale, l’éducation pendant la petite enfance, l’accès aux services et le bien-être familial. À cela s’ajoute une formation d’appoint qui inclut une accréditation en premiers soins en santé mentale, en soins tenant compte des traumatismes ainsi que des ateliers sur les méthodes d’accouchement traditionnelles, l’autogestion des soins de santé, le diabète gestationnel et la nutrition prénatale.

Le deuxième volet est un programme d’activité en centre à l’intention des enfants de deux à quatre ans qui est axé sur la lecture conversationnelle, les jeux d’apprentissage et le développement langagier. Le centre offre aussi des soins de santé particuliers. Dans tous les cas, les données recueillies sur les services de santé, éducationnels et sociaux sont analysées afin d’en évaluer les répercussions sur les participants.

« Le Projet d’intervention pendant l’enfance cherche à égaliser concrètement les chances des enfants autochtones en veillant à ce que leurs parents et aidants soient leur première source d’apprentissage et d’expertise en matière de bien-être global», affirme Randy Littlechild, Directeur exécutif du Centre de santé de Maskwacis.

Grâce à ce projet, il sera possible d’établir des moyens efficaces de favoriser le bien-être des enfants autochtones par une approche globale offrant des résultats tangibles. Si le projet obtient les résultats escomptés, il servira de modèle pour étendre le programme à d’autres collectivités autochtones au Canada. La Fondation Brain Canada a investi plus de 16 M$ dans des travaux de recherche qui explorent les mécanismes du développement cérébral ainsi que le jeu complexe des gènes et de l’environnement à la racine de maladies. L’avenir de ce projet pilote dépend de solides assises bâties sur une évaluation intégrée au programme. C’est ce qui motive notre appui à des projets pilotes qui s’inspirent de modèles ayant fait leurs preuves et fondés sur des données probantes. C’est pour cela que nous croyons qu’il est important que nous appuyions ce type de projets de recherche.