McGill, l’industrie, le CQDM et la fondation Brain Canada collaborent à la mise au point d’un nouveau médicament pour traiter l’insomnie et la douleur

Un nouveau médicament prometteur donne de l’espoir aux personnes aux prises avec des douleurs neuropathiques et l’insomnie.

Un groupe diversifié réunissant les expertises de l’Université McGill et du secteur privé a réussi des percées majeures dans la mise au point d’un nouveau médicament qui pourrait soulager les douleurs neuropathiques et l’insomnie. Ces avancées ont été rendues possibles grâce à une subvention du gouvernement du Québec (MEIE) octroyée par le CQDM de 658 422 $, une subvention de 453 125 $ de la Fondation Brain Canada, et un financement conjoint   de l’entreprise québécoise Produits chimiques Delmar, désormais Minakem Montréal, et d’une institution publique (IRSC) pour un total de 1,6 M $ pour la recherche.

Ce projet est issu d’une découverte faite en 2007, à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), marquant le début de l’aventure. Gabriella Gobbi, M.D., Ph. D., professeure au Département de psychiatrie de l’Université McGill et chercheuse à l’IR-CUSM, étudiait des molécules capables de soulager les symptômes de l’anxiété et de la dépression. « Une de ces molécules a eu un effet inattendu sur un récepteur de mélatonine du cerveau, plongeant les animaux de laboratoire dans un profond sommeil », se souvient-elle.

La mélatonine est une hormone qui aide à réguler les rythmes circadiens (cycles veille/sommeil) et qui est surtout libérée par la glande pinéale, en réponse à la baisse de la luminosité au crépuscule. C’est d’ailleurs pourquoi on l’appelle parfois « l’hormone du sommeil ». La mélatonine interagit naturellement avec deux récepteurs du cerveau ayant des effets sur les fonctions cérébrales : MT1 et MT2.

« Par pur hasard, la molécule que nous étions en train de tester s’est avérée être un agoniste de MT2 », explique la Dre Gobbi. Non seulement la molécule induit le sommeil, mais elle allonge la période de sommeil profond dont l’organisme a besoin pour rester en santé, qu’on appelle le « sommeil non paradoxal ».

« L’insomnie est un gros problème, qui peut nuire à la vie quotidienne et provoquer des problèmes de santé majeurs, par exemple la dépression, le diabète et même les maladies cardiovasculaires ».

Dre Gobbi

Selon les Instituts de recherche en santé du Canada, près de 24% de la population canadienne a un trouble du sommeil.

Plusieurs années après cette première découverte, la Dre Gobbi a constaté que de faibles doses de la même molécule soulageaient les douleurs neuropathiques, contre lesquelles il existe peu de traitements efficaces. « Les opioïdes dominent le marché des médicaments contre la douleur, mais ces produits sont associés à des problèmes comme la dépendance, » explique-t-elle. « La découverte de nouveaux analgésiques intéresse donc beaucoup le monde de la médecine. Et nous commencions à comprendre que la molécule agoniste des récepteurs MT2 de la mélatonine que nous étions en train d’étudier avait le potentiel de soulager la douleur et l’insomnie. »

La mise en marché d’un nouveau médicament n’est cependant pas une mince affaire, comme le décrit la Dre Gobbi.

« La plupart des médicaments ne se rendent jamais à la phase clinique. Le développement des médicaments comporte une “vallée de la mort” notoire, dont la difficile traversée nécessite beaucoup de ressources, souvent financées par des sociétés de capital de risque principalement axées sur le profit. »

Dre. Gobbi

Une récente étude publiée dans le Journal of the American Medical Association a estimé que la mise en marché d’un nouveau médicament nécessite des investissements moyens de 1,3 milliard $ US ; d’autres sources citent des montants nettement plus élevés.

Heureusement, il existe une solution locale : le CQDM, qui facilite la collaboration entre les acteurs des milieux universitaires et industriels afin d’accélérer les découvertes scientifiques dans les domaines des vaccins, des produits thérapeutiques et des outils diagnostiques, tout en bénéficiant à l’économie québécoise.

« Nous avons une chance inouïe d’être au Québec et d’avoir accès à ces ressources. Grâce au leadership et au soutien administratif de McGill, ainsi qu’au financement du CQDM, de la fondation Brain Canada et de Produits chimiques Delmar, nous avons pu former un groupe réunissant des membres des industries pharmaceutique et biotechnologique. »

Dre. Gobbi

Le groupe a initialement été confronté au défi de développer un promédicament viable pour la conduite des tests toxicologiques. En effet, la molécule originale était lipophile, et très peu absorbable. C’est à ce moment que Robert Zamboni, Ph. D., professeur associé de pharmacologie, biochimie et chimie, est intervenu.  Son équipe a conçu un nouveau médicament, pouvant être administré par voie orale et métabolisé par l’organisme, à partir de la molécule mère. « C’est un processus extrêmement complexe auquel nous avons consacré plus d’un an », se souvient le Dr Zamboni. Les chercheurs universitaires doivent franchir de nombreux obstacles pour concrétiser une idée en un médicament homologué qui aide des millions de patients. Les Produits chimiques Delmar ont apporté leur soutien aux scientifiques de McGill pour passer à la production à grande échelle et à résoudre les problèmes biochimiques. Les partenaires industriels, tels que les Produits chimiques Delmar mais aussi Evotec, ont joué un rôle crucial dans la synthèse de la molécule remaniée et dans les études de toxicologie préalables à la présentation de nouveau médicament de recherche. Les Produits chimiques Delmar maintient l’accès à ses installations conformes aux bonnes pratiques de fabrication ainsi qu’à son centre de recherche et développement (R-D) pour soutenir le projet jusqu’à la validation finale et l’obtention des homologations nécessaires auprès des autorités sanitaires.

La Dre Gobbi et son équipe peuvent maintenant envisager les premiers essais chez les humains. « C’est une réalisation exceptionnelle qui ne serait possible nulle part ailleurs, dit-elle. Je suis fière de notre collaboration unique d’organisations qui coopèrent pour tirer parti des idées québécoises et mettre au point un médicament qui pourrait améliorer la santé de millions de personnes. »