En collaboration avec Optina Diagnostics, Dr Jean-Paul Soucy a mis au point un test oculaire qui pourrait révolutionner le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer.

Touchant des millions de personnes partout dans le monde, la maladie d’Alzheimer est la cause de démence la plus courante et demeure incurable. Son dépistage précoce métamorphoserait le protocole des études cliniques visant à évaluer de nouveaux traitements. Pour l’instant, on détermine l’admissibilité de candidats aux études cliniques en les soumettant à une tomographie par émission de positons (TEP) pour détecter la présence de plaques amyloïdes. Or, les TEP sont coûteuses, nécessitent l’injection de marqueurs radioactifs et doivent être accomplies dans des établissements médicaux spécialisés.

Une méthode plus simple et rentable ouvrirait la porte à un dépistage précoce, faciliterait de beaucoup les études cliniques et diminuerait les coûts associés à l’imagerie par TEP.

L’œil est une fenêtre naturelle qui s’ouvre sur le cerveau par l’intermédiaire de la rétine, une membrane photosensible qui tapisse la face interne de l’œil. Par son anatomie et son développement, il constitue un prolongement du cerveau qui reste accessible tout au long de la vie. En effet, en examinant la rétine de patients et de modèles animaux de la maladie d’Alzheimer, les chercheurs ont observé la présence de plaques bêta-amyloïdes (AB), le même biomarqueur révélateur d’alzheimer dans le cerveau.

L’équipe du Dr Soucy a mis au point un nouveau modèle de caméra rétinienne hyperspectrale mydriatique (CRHM), une composante de la plateforme Retinal Deep PhenotypingMC, capable de détecter ces plaques dans la rétine de sujets asymptomatiques. Il s’agit d’une scanographie à la fois simple, sûre, non invasive et beaucoup plus accessible que la technologie de TEP actuelle. Pour analyser les images produites, les chercheurs ont également mis au point un algorithme d’apprentissage automatique.

La subvention de la Fondation Brain Canada a permis à notre équipe de chercheurs universitaires de conclure un partenariat avec une entreprise, mariant ainsi des techniques de pointe parfaitement complémentaires pour faciliter la quête de nouvelles méthodes diagnostiques de dépistage de la maladie d’Alzheimer. Par sa capacité de détection des dépôts amyloïdes à un stade précoce de la maladie, et ce, à une fraction du coût et de la complexité des méthodes actuelles, la scanographie rétinienne est en passe de devenir une technique de dépistage à part entière. Elle pourrait ainsi changer la donne quant à l’utilisation de traitements modificateurs de la maladie », affirme le Dr Soucy.

La scanographie rétinienne pourrait révolutionner la recherche sur la maladie d’Alzheimer et le développement de traitements efficaces. Elle servirait à identifier les personnes pour lesquelles un traitement serait indiqué et efficace. À ce jour, le développement d’un médicament repose entièrement sur des études faisant appel à des participants aux symptômes particulièrement avancés. Grâce à cette technologie, les chercheurs pourront recruter des sujets asymptomatiques mais vulnérables à la maladie d’Alzheimer, ce qui facilitera la mise au point de médicaments qui agissent à un stade précoce, donnant ainsi bon espoir de développer un traitement efficace qui parviendra un jour à éradiquer cette maladie dévastatrice.

À ce jour, l’équipe a présenté deux demandes de brevet. En avril 2019, la FDA (Food and Drug Administration) américaine a accordé le statut Breakthrough Device Designation à la plateforme d’imagerie rétinienne, ce qui accélérera son homologation et sa commercialisation pour un usage clinique. Par la suite en avril 2020, elle a reçu une autorisation 510(k) de la FDA, donnant ainsi le feu vert à la conclusion de partenariats avec des cliniques d’ophtalmologie pour accomplir des scanographies rétiniennes sur des populations à risque.