Quels sont les facteurs qui favorisent la résilience au stress? Les chercheurs se sont penchés sur cette question au niveau des neurones pendant des décennies, mais Caroline Ménard a trouvé une réponse là où le système sanguin et le système nerveux interagissent : la barrière hémato-encéphalique (BHE).

Sa recherche montre que le stress social altère la BHE et que des cellules non neuronales sont impliquées. Plus précisément, elle étudie le rôle des cellules non neuronales appelées astrocytes, des cellules en forme d’étoile qui bordent la BHE comme une clôture.

« Nous ne ressentons pas seulement les émotions dans notre cerveau ; nous les ressentons dans nos intestins et dans d’autres systèmes. C’est pourquoi nous étudions la barrière hémato-encéphalique, qui relie le cerveau au système immunitaire, au système vasculaire et à toutes les hormones qui circulent dans le sang. Notre compréhension de ces interconnexions et de leur influence sur la santé progresse, et nous développons des outils en laboratoire pour y parvenir. »

Caroline Ménard, Azrieli Future leader canadienne de la recherche sur le cerveau

Caroline Ménard et son équipe de recherche ont examiné un récepteur sur les astrocytes qui joue un rôle dans la médiation des niveaux et de l’activité des neurotransmetteurs.

En utilisant un nouvel outil mis au point dans leur laboratoire, l’équipe a pu surexprimer ce récepteur chez des souris. Lorsque ces souris ont été soumises à un stress, elles ont montré moins de comportements anxieux et dépressifs que le groupe témoin.

Les changements induits par le stress se sont produits dans différentes régions cérébrales chez les souris femelles par rapport aux souris mâles, ce qui indique que la fonction des astrocytes pourrait être altérée en fonction du sexe.

Les découvertes de Caroline Ménard suggèrent que les astrocytes jouent un rôle de premier plan dans la réponse au stress, peut-être même dans la dépression chez l’humain en raison de leur positionnement le long de la BHE.

Quel est l’impact?

Chaque année, 1 personne sur 5 au Canada souffrira d’un trouble de santé mentale ou d’une maladie mentale. Une exposition prolongée au stress constitue l’un des facteurs pouvant conduire à des maladies mentales.

En approfondissant notre compréhension de la résilience au stress sur le plan biologique, le travail de Caroline Ménard suscite de nouvelles réflexions sur la façon de prévenir les maladies mentales comme l’anxiété et la dépression.

Son travail accélère également la pratique scientifique ; Elle n’avait aucune expérience de travail avec les récepteurs des astrocytes avant sa subvention Futurs leader, mais elle et son équipe reçoivent maintenant des demandes de chercheurs du monde entier pour accéder aux outils qu’ils ont développés pour les manipuler.  

Depuis le lancement de sa carrière universitaire indépendante, le laboratoire de Caroline Ménard a publié des articles dans des revues très prestigieuses telles que Immunity, Nature Communications, PNAS, Neuron, Trends in Neuroscience, Biological Psychiatry, Nature Biomedical Engineering, Journal of Clinical Investigation, etc. Ces découvertes se sont avérées transformatrices car elles ont permis d’identifier de nouveaux mécanismes liés aux barrières qui sous-tendent la résistance ou la susceptibilité au stress, ainsi que des biomarqueurs sanguins prédictifs de la vulnérabilité, ouvrant ainsi la voie à la médecine personnalisée par l’identification de différences entre les sexes dans la signature des troubles cérébraux. Plus récemment, elle a reçu le prix de la Nouvelle Chercheure de l’Association Canadienne des Neurosciences 2024.

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