De plus en plus de jeunes évitent probablement des blessures cérébrales grâce à des lignes directrices de sécurité améliorées qui découlent d’une importante plateforme de recherche financée par la Fondation Brain Canada. C’est ce que révèle une série d’études dirigées par le Centre de cartographie fonctionnelle et métabolique (CCFM) de l’Université Western de London, en Ontario, qui dévoile que même les commotions cérébrales mineures affecteraient la structure et la fonction du cerveau. Ces découvertes du CCFM, qui utilise des instruments d’imagerie par résonance magnétique (IRM) parmi les plus sophistiqués au monde, ont inspiré une série de politiques visant à protéger les jeunes qui pratiquent des sports de contact comme le soccer et le hockey.

« Notre plateforme a permis d’augmenter considérablement la taille des cohortes étudiées par IRM dans une série d’études majeures sur les commotions cérébrales, l’une avec des joueurs de hockey bantam – première année où Hockey Canada a autorisé les mises en échec –, l’autre avec des joueuses de rugby universitaires. »

Ravi Menon

L’utilisation à la fois d’une importante cohorte et d’une technologie d’imagerie sophistiquée ont permis à Ravi Menon et à Kathryn Manning, alors doctorante, d’étudier le cerveau des joueurs commotionnés de façon non invasive, à grande échelle et à haute résolution.

De nouvelles connaissances sur les effets des commotions cérébrales

Ces études ont révélé que les commotions cérébrales provoquent des changements clairs à la fois dans la structure et la fonction du cerveau, que ces changements persistent au moins six mois après la blessure. Échelonnées sur plusieurs années, ces études ont également permis de démontrer que les blessures légères à la tête et de petites tailles, fréquentes dans les sports de contact comme le hockey et le rugby, causent aussi des dommages cumulatifs.

Un autre constat important réside dans le fait que les tests cognitifs simples utilisés pour évaluer une commotion cérébrale peu de temps après l’incident reviennent à la normale bien avant que l’IRM ne les détecte. Cette disparité a soulevé la question à savoir si les athlètes n’étaient pas réintégrés trop rapidement sur le terrain. Les tests cognitifs simples n’ont détecté aucun symptôme chez les jeunes ayant subi plusieurs blessures légères à la tête à la suite de coups, tandis que les IRM les mettaient en évidence.

Changement de politique

L’organisme qui régit le soccer juvénile au Royaume-Uni a cité ces études pour interdire les coups de tête avant l’âge de 10 ans et les décourager lors des entraînements pour les moins de 13 ans. La Fédération américaine de soccer a également limité les coups de tête pour les joueurs de 11 à 13 ans. Au hockey, le Canada maintient son interdiction des mises en échec chez les jeunes de moins de 13 ans, une décision dont Menon a discuté avec l’ancien député et légende du hockey Ken Dryden.

En plus d’éclairer des politiques aux niveaux national et international, ces études sur les commotions cérébrales ont déjà été citées plus de 200 fois dans la littérature scientifique, illustrant leur impact sur le domaine de la recherche. Ses conclusions ont également suscité une attention médiatique, influençant les discussions au Canada et dans le monde à savoir si les protocoles de commotion cérébrale dans les sports juvéniles vont assez loin pour protéger les cerveaux en développement. Les politiques et protocoles de retour au jeu pourraient devenir plus stricts à l’avenir, ce qui voudrait dire que les joueurs commotionnés restent sur le banc pendant de plus longues périodes.

« La gestion des commotions cérébrales repose en grande partie sur des expériences anecdotiques ou des évaluations qualitatives. Nos études d’imagerie montrent que des changements structurels et cérébraux quantifiables se produisent dans le cerveau des jeunes adultes et que ces changements persistent beaucoup plus longtemps que ce qu’on soupçonnait précédemment. Comme ces changements se produisent dans des cerveaux encore en développement, cela suggère que nous devrions adopter une approche plus conservatrice dans nos directives de retour au jeu, et peut-être devoir repousser le début des impacts dans les sports à un moment où le cerveau est plus mature.»

Ravi Menon

Les conclusions de Ravi Menon et d’autres chercheurs démontrent la valeur de la recherche sur le cerveau dans l’élaboration de politiques fondées sur des preuves, qui privilégient la sécurité des joueurs et leur santé cérébrale à long terme dans un contexte sportif.

Accélérer la recherche

  • La Fondation Brain Canada appuie la plateforme du CCFM depuis 2016. Au cours de ses quatre premières années de soutien, un total de 294 chercheurs a accédé au CCFM, 84 chercheurs principaux et plus de 400 stagiaires ont été soutenus par le CCFM dans sept facultés de l’Université Western et d’autres établissements externes ; un total de 261 projets uniques a été réalisé ; et plus de 240 publications ont vu le jour.
  • Le CCFM a été cité comme un facteur clé dans l’obtention par l’Université Western d’une bourse de 66 millions de dollars du Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada (BrainsCAN), codirigée par Ravi Menon et la Dre Lisa Saksida (également à la tête d’une plateforme soutenue par la Fondation Brain Canada), et plus récemment d’une subvention de 24 millions de dollars du fonds Nouvelles frontières en recherche afin de déterminer et prédire le succès de traitements dans le cadre d’essais chez les humains, dirigée par Menon. 
  • Les capacités que le CCFM a développées avec le soutien de la Fondation Brain Canada ont également été essentielles à l’obtention par l’Université Western de deux Chaires d’excellence en recherche du Canada. Totalisant 18 millions de dollars, elles ont entre autres servi à recruter le Dr Adrian Owen, neuroscientifique de renommée internationale de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni, et la Dre Robyn Klein, neuro-immunologue de l’Université de Washington de Saint-Louis.
  • Comme l’exigent les subventions de plateformes soutenues par la Fondation Brain Canada, le CCFM suit un cadre de science ouverte. L’ensemble des développements techniques sont accessibles et disponibles en ligne et dans des publications dans le but de faire progresser la recherche.

Avantages économiques

  • L’équipe a vendu des propriétés intellectuelles à Siemens et créé des entreprises dérivées pour commercialiser des technologies de bobines de radiofréquence (RF) telles que Ceresensa.
  • Pfizer, Merck, Bristol-Myers Squibb, Janssen Pharmaceuticals, Sanofi Genzyme et Biogen ont fait appel à l’expertise du personnel du CCFM pour développer des protocoles d’imagerie pour leurs essais cliniques de médicaments ciblant le système nerveux central.
  • Le CCFM emploie 15 personnes hautement qualifiées qui permettent de réaliser des études de pointe en IRM/RMN ; elles offrent une expertise spécialisée dans le développement de protocoles d’IRM, la reconstruction et l’analyse d’images, la conception de bobines de radiofréquence et l’évaluation de la sécurité IRM, et comprennent plusieurs technologues vétérinaires ayant l’expertise nécessaire pour mener des expériences dans différents modèles animaux de fonction et de dysfonction neurologiques.